Il faisait gris ce jour-là, très gris,
et la pluie qui dégoulinait du ciel plus qu’elle ne coulait engourdissaient les corps emmitouflés dans leurs habits d’hiver. C’était dimanche et la vie semblait battre au ralenti. A l’intérieur, un parquet de damier, un long mur de miroirs et de l’espace, beaucoup d’espace... Puis la musique, originaire d’Amérique latine, lancinante mais gaie, douce et entraînante, tout comme Malaïka, originaire de partout, nous invite à lâcher, détendre, sourire, grimacer, jouer...
Peu à peu, le corps se dilate, s’exalte et prend sa place, comme une naissance à l’air, un mariage à l’espace. Une sensation d’être au monde, d’être partie du monde, d’y être bien, libre, entière. L’espace d’un temps, hors du temps, tout semble possible même voler...
L’atmosphère dans la petite pièce à côté, où thé et pâtisseries attendaient, était voluptueuse et chaude comme celle d’une alcôve. Prolonger encore pour quelques instants cette grâce, puis retourner en douceur dans la grisaille de novembre, plus tout à fait grise, plus tout à fait aussi vide. C.M